{xtypo_dropcap}"N{/xtypo_dropcap}ous ne voulons pas participer à la politique politicienne mais à la construction de l'île et à son évolution sociale", a précisé d'emblée le secrétaire général de la CGT Mayotte, Salim Nahouda, aux côtés de ses homologues de la Cisma et de FO. Si les syndicats ont souhaité donner leur point de vue sur la consultation qui aura lieu dans deux semaines, c'est parce que la départementalisation sera avant tout pour eux une construction sociale.
Sans surprise, c'est pour le "oui" que se prononce l'intersyndicale. "Cette avancée permettra la mise en place du droit commun qui ne peut se faire que dans le cadre de la départementalisation", estime Salim Nahouda. Le secrétaire général de la CGT attribue la crise qui secoue aujourd'hui une bonne partie des Dom à une mauvaise politique économique et sociale menée depuis longtemps. "Notre combat après le vote sera donc de surveiller la rédaction de la loi organique et des décrets d'application qui suivront pour éviter que soient reproduites ici les mêmes erreurs. Il y aura une action syndicale pour veiller à ce que chacun ait sa place."
Pour Boinali Saïd, de la Cisma-CFDT, la départementalisation concerne trois ordres : symbolique, social et économique. Symbolique parce qu'en plus du statut du territoire, les Mahorais pourront s'identifier réellement dans la République Française. "Nous allons sortir d'une logique clanique et familiale pour entrer dans une logique citoyenne." L'ordre social, ce sont bien sûr les prestations, "qui, par le système de solidarité, feront de chaque individu un acteur de la vie républicaine", précise le secrétaire général de la Cisma qui appelle également à une construction sociale dans l'entreprise, à savoir un cadre de droit du travail commun aux Mahorais et aux Métropolitains, avec notamment l'application des conventions collectives nationales.
{xtypo_quote}Le Pacte doit définir une politique globale de développement de Mayotte{/xtypo_quote}
"Il faut rêver qu'un jour, un enfant de Mayotte préside la République française", clame Boinali Saïd. "Nous savons que la départementalisation va entraîner plus de concurrence pour les postes ici", renchérit Salim Nahouda." Il faut donc que les Mahorais soient suffisamment bien formés pour supporter cette concurrence. Il faut mettre tout le monde sur un pied d'égalité."
Pour le volet économique, l'intersyndicale regrette que les projets concernant les zones franches globales, la défiscalisation, etc., ne concernent pas Mayotte. "Le Pacte doit définir une politique globale de développement de Mayotte, sinon ça n'ira pas." Les syndicats ont d'ailleurs l'intention de se rassembler en collectif pour demander que l'on cesse d'oublier Mayotte dans ces projets d'importance pour l'Outremer.
"Le Pacte pour le département est celui du gouvernement", précise Boinali Saïd. "Après le vote du 29 mars, il faudra lancer une action locale avec un cahier de revendications pour construire Mayotte. Les conventions collectives ne sont pas mentionnées dans le Pacte, et les prestations sociales à 25% ce n'est pas acceptable, il faut commencer à 50%."
Enfin, concernant le sujet épineux des impôts, les syndicats n'y voient aucun problème. "Nos anciens ont payé des impôts comme tout Français, sauf qu'aujourd'hui ils ne touchent aucune retraite", rappelle Boinali Saïd. "Eux ont payé sans retour, nous serons heureux de payer plus pour avoir un vrai retour au niveau des prestations."
"C'est nous, les syndicats, qui avons demandé la création des caisses de solidarité. Aujourd'hui nous n'allons pas refuser de payer des charges qui feront vraiment marcher cette solidarité. Nous allons payer plus, mais nous aurons plus de prestations", a conclu Salim Nahouda.
Hélène Ferkatadji
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