La résilience des entrepreneurs de Mayotte n’est plus à prouver. Malgré un climat économique durement marqué par un mouvement social d’ampleur en début d’année dernière, les chefs d’entreprise ont continué à créer, à investir, à innover. Le conseil départemental a accompagné 30 d’entre eux, pour un soutien financier total de 660.000 euros. Explications.
Les porteurs de projets ont passé de dures sélections, mais les sourires radieux et les applaudissements au sein de l’hémicycle du conseil départemental ont dit mardi la satisfaction de voir l’économie mahoraise avancer, malgré les évidentes difficultés structurelles auxquelles s’est ajouté cette année un mouvement social paralysant. En effet, une trentaine de porteurs de projets étaient conviés hier par le Département à une cérémonie de signature des premières conventions d’attribution d’aides économiques départementales. Ainsi, plus de 662.000 euros ont-ils été octroyés à 30 entreprises, sur le million d’euros prévu par l’enveloppe initiale. Ces fonds – dédiés à l’investissement, mais également à l’accompagnement en particulier des femmes et des jeunes entrepreneurs – ont permis de créer ou de maintenir des emplois (35 emplois existants et 28 créations) dans divers domaines, notamment la santé, les services, l’hôtellerie-restauration et les loisirs. Pêle-mêle, on peut citer une maison de santé, des salons de beauté, des chambres d’hôtes et des restaurants, un garage, des pharmacies, une boulangerie, des services de location de jet-ski, de bateau, un data center (voir encadré), etc.
Sélection naturelle
L’Agence de développement et d’innovation de Mayotte (Adim), qui a assuré l’orientation et l’accompagnement des porteurs de projets, a reçu 360 visites en 2018, a indiqué son président Ben Issa Ousséni. Certains entrepreneurs toquaient à la porte suite au mouvement social, mais repartaient déçus, car « l’octroi de subventions de fonctionnement [par le Département] est interdit« . Et ceux dont les demandes excédaient 50.000 euros ont été redirigés vers les fonds européens. Mais nombre de porteurs de projets ont pu bénéficier d’une aide du conseil départemental – et parfois en sus de l’obtention d’autres fonds, notamment européens. La sélection s’est faite « naturellement« , a expliqué Ben Issa Ousséni : un premier écrémage du fait du caractère incomplet de certains dossiers (absence de bilans validés par un expert-comptable, de cotisations à jour, etc.) ; un second lors de la défense de la viabilité du projet économique devant un jury composé de l’Adim, du Département et de la CCI. Mais « toutes les personnes qui ont passé ces sélections » avec succès se sont vues attribuer des aides allant de 3.000 à 50.000 euros. Cette « sélection naturelle » explique que l’ensemble des fonds n’aient pas été intégralement consommé. Le solde du million prévu – près de 340.000 euros, donc – a été reversé au budget général du conseil départemental. L’année prochaine, l’opération sera renouvelée. Et si une sélection plus dure doit s’opérer, des secteurs prioritaires seront définis. Le président de l’Adim suppose que le nombre de demandes ne peut qu’augmenter « car les entreprises ont compris qu’on les aidait« .
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