La ministre du Travail est en visite officielle dans le 101ème département depuis samedi. Régionalisation de Pôle emploi, lutte contre le travail clandestin, installation du Comité Régional de l’Emploi, de la Formation professionnelle et de l’Orientation professionnelle (CREFOP)… De nombreux chantiers doivent être passés en revue alors que vient d’être publié, le 6 novembre, le décret d’application du code du travail de droit commun.
Samedi, la ministre du Travail Muriel Pénicaud s’est rendue vers 18h00 dans les nouveaux locaux de Pôle Emploi à Kawéni, ouverts au public depuis le 18 octobre. Elle y a été accueillie par David Baes, le directeur territorial, et Ibizat Mohamed Chaher, la directrice de l’agence, avant de procéder à une table ronde. Au cours de celle-ci, plusieurs intervenants des sociétés Dagoni Services et Sodifram, de l’Agence de l’Outre-mer pour la mobilité et de la crèche Les Mini-Explorateurs ont fait part de leurs expériences. Muriel Pénicaud en a alors profité pour évoquer « les besoins en services de proximité » dans le 101ème département et a estimé que « les formations professionnelles et les filières d’apprentissage (étaient) l’un des grands chantiers de Mayotte ». Emmanuel Legras, le directeur de l’Association pour le droit à l’initiative économique (ADIE), l’a néanmoins interpellée sur l’absence du statut de micro-social (auto-entrepreneur) sur l’île, faisant obstacle à la création d’entreprises. « Il faut travailler sur l’accompagnement des jeunes pour que ce soit une voie de réussite », a-t-elle renchéri. En effet, selon les chiffres de Pôle Emploi de septembre 2018, 17% des demandeurs d’emplois ont moins de 25 ans. La ministre du Travail a également insisté sur le lien entre formation et recherche d’emplois mais aussi sur l’importance des partenariats, louant les bienfaits du Plan d’investissement compétences. Présent lors de cette rencontre, le sénateur Thani Mohamed Soilihi a de son côté dénoncé les carences statistiques à Mayotte. Une problématique qui pourrait vite évoluer avec la régionalisation de Pôle Emploi, à partir du premier trimestre 2019. Nommé le 12 novembre, Jean-Christophe Baklouti sera à la tête de cette révolution administrative. « Ce sera un gage d’efficacité et une puissance de feu, aussi bien en termes d’outils que de méthodologie », a conclu la ministre.
Mayotte, laboratoire de la lutte contre l’immigration
« Je retiens de Mayotte l’extraordinaire travail d’équipe de l’ensemble des services de l’État contre l’immigration », saluait dimanche Muriel Pénicaud, au deuxième jour de sa visite dans le 101ème département. En visite dans les locaux du Groupe d’Enquête sur la Lutte contre l’Immigration Clandestine (GELIC) à Cavani, la ministre a pu échanger pour la première fois avec ses membres. Structure inédite en France, le groupe d’enquête co-présidé par le procureur de la République Camille Miansoni et le préfet Dominique Sorain, rassemble onze enquêteurs de la Police aux Frontières (PAF), de la Police nationale, de la Gendarmerie et de la Douane, ainsi que des inspecteurs du travail et des finances publiques. « Cette transversalité est le seul moyen de faire aboutir les procédures pour démanteler les filières clandestines », a-t-elle défendu, avant d’annoncer que « Mayotte pourrait être un pilote pour la métropole » à cet égard. Au cœur des discussions : la lutte contre le travail illégal, que mènent conjointement le GELIC et le Comité Opérationnel Départemental Anti-Fraude. Car à Mayotte, « les petites infractions sont souvent le point de départ permettant de mettre à jour tout un réseau clandestin », a relevé le commandant de police Jean-François Cocheril, à la tête du groupe d’enquête. Pour autant, les sanctions pénales peuvent s’avérer peu dissuasives, certains accusés y échappant purement et simplement, d’autres n’écopant que de peines de sursis. C’est l’une des raisons pour lesquelles le GELIC est habilité à saisir temporairement les avoirs criminels (véhicules, terrains, cartes bancaires, etc.) dès le placement en garde-à-vue d’un suspect. En permettant d’éviter la fuite ou le maintien d’activités potentiellement frauduleuses, cette mesure permet d’accélérer considérablement la durée d’une enquête. Un dispositif jugé particulièrement « efficace » à Mayotte, selon la ministre du Travail, qui salue « la capacité de prévention et de répression » des enquêteurs locaux. Pour poursuivre ces efforts, « nous allons rediscuter du renforcement d’effectifs en conseil des ministres », a-t-elle assuré, sans toutefois donner, à ce stade, de chiffres. Le GELIC mène actuellement une dizaine d’enquêtes contre le travail clandestin, particulièrement dans les domaines du BTP, de l’agriculture et des taxis. Les premiers résultats devraient être publiés en 2019.
Table ronde autour de l’économie sociale et solidaire
La ministre s’est également rendue à la Chambre régionale d’économie sociale et solidaire, (Cress) dimanche matin. Quarante-cinq minutes d’entretien avec les acteurs de la Cress pour évaluer et débattre des opportunités de cette économie qui se veut basée sur le respect des valeurs humaines et une égale répartition des richesses créées. « Il y a une belle dynamique qui rend confiant. Nous allons les soutenir », a déclaré Muriel Pénicaud à propos de la Cress, soulignant que l’accent serait mis en particulier sur les clauses d’insertion. Celles-ci permettent de réserver une proportion d’heures de main-d’œuvre à des personnes en situation d’exclusion professionnelle lors de l’attribution de marchés publics. Un échange qualifié de « franc et direct » par le directeur de l’organisme, Ben Amar Zeghadi, qui s’est réjoui que Muriel Pénicaud « nous (ait) accordé beaucoup de crédibilité » et qu’elle ait « reconnu nos résultats ». Le sénateur Thani Mohamed Soilihi, ancien président fondateur de la Cress de Mayotte, ainsi que Roukia Lahadji, trésorière de la structure, étaient également présents.
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