Plan pour Mayotte | En toute transparence

Le site internet présentant les avancées du Plan pour Mayotte acté par la ministre des Outre-mer en mai dernier a été dévoilé mardi par la préfecture. « Les mesures sont bien en cours », a rassuré le préfet. 

Ce site Internet est « un engagement en lui-même », a affirmé le préfet Dominique Sorain hier, lors de la présentation officielle de la version mahoraise de Transparence Outre-mer, une plateforme en ligne détaillant l’évolution des différentes mesures du plan d’action pour l’avenir de Mayotte acté par Annick Girardin en mai dernier. Comme la Guyane, Mayotte dispose désormais d’un accès « simple, résumé et raccourci » à l’état d’avancement des 53 mesures déclinées en 125 actions de « L’action de l’État pour votre quotidien ». 

Ainsi, sur www.transparenceoutremer-mayotte.gouv.fr, en ligne depuis lundi, les citoyens peuvent accéder au détail des différentes actions par trois biais : soit par une approche thématique grâce à huit onglets*, soit via la rubrique « Actualités » faisant remonter les dernières nouveautés, soit par une recherche géographique – cette dernière étant toutefois encore en cours de développement. Un outil qui sera régulièrement mis à jour, a promis le préfet, et qui est également accessible sur tablette et smartphone. Le site renvoyant vers les comptes des réseaux sociaux de la préfecture, les internautes ont également la possibilité de commenter. En outre, la préfecture ira « à la rencontre des gens, dans les communes » afin de continuer à communiquer sur ces actions. 

Le préfet s’est félicité de l’évolution rapide « et dans les délais prévus » des différents projets portés par le Plan pour Mayotte. « C’est un travail très lourd, (…) souterrain, pas spectaculaire », a-t-il toutefois reconnu. 

Sécurité : engagements tenus

Dominique Sorain a longuement listé les avancées en matière de sécurité : la mise en œuvre du groupe d’enquête et de lutte contre l’immigration clandestine (Gelic), l’installation de la compagnie départementale d’intervention (CDI) et de la police de sécurité du quotidien (PSQ), l’ouverture de la brigade de Koungou et celle de Dembéni qui devrait bientôt advenir, l’application du plan de sécurisation des transports scolaires (« Un seul caillassage, en mai », depuis la mise en œuvre de ce plan, a-t-il souligné), la création de la brigade de prévention de la délinquance juvénile qui devrait être inaugurée dans les prochaines semaines, l’arrivée imminente de deux nouveaux intercepteurs nautiques, l’affectation de 150 policiers supplémentaires pour un effectif total (police et gendarmerie) de 1.050 agents sur le territoire. L’État « a tenu la totalité des engagements en matière de sécurité », a insisté le préfet, relevant que « même » le député Mansour Kamardine avait abondé en son sens sur ce sujet. Aux détracteurs – et notamment les membres des différents collectifs et l’intersyndicale qui, il y a quelques jours, avaient montré leur réticence lors d’une conférence de presse –, le préfet a répondu : « Dire que l’État ne respecte pas ses engagements en matière de sécurité ne résiste pas aux faits ». Et ce, même « s’il y a toujours trop de délinquance ».

« Les mesures sont bien en cours », a-t-il donc martelé, rappelant également et entre autres le point d’étape lundi concernant la création de l’ARS de plein exercice mais aussi la programmation pluriannuelle de construction et rénovation de bâtiments scolaires dans le premier degré, le contrat de progression avec le syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement, la mise en place du dispositif Cadres Avenir à Mayotte, l’effort porté sur la construction de logements sociaux et sur la rénovation urbaine de quartiers déshérités – Majicavo et La Vigie devraient d’ailleurs bientôt bénéficier du même type de programme que Kawéni. « Si on réalise déjà tout [ce que contient le Plan] dans les 2,3 ans, on aura bien avancé », a fait remarquer Dominique Sorain, énumérant : les 450 logements locatifs sociaux par an, la troisième retenue collinaire, les 70 réfectoires en milieu scolaire, etc. 

« Que tout le monde se bouge »

Au-delà du cap tenu sur ces échéances, le préfet a annoncé que l’État insistait auprès des élus pour une « accélération des travaux » sur certains sujets, notamment sur les transports. Le préfet a d’ailleurs demandé à ce que des experts viennent de Paris en appui sur le projet Caribus. En outre, un certain nombre d’études sont en cours, notamment sur le transfert de compétences régionales au Conseil départemental ou encore sur le port de Longoni. 

Par ailleurs, la semaine dernière s’est tenu un comité stratégique de pilotage et de suivi lors duquel l’équipe préfectorale a présenté l’avancement des travaux au président du Conseil départemental, aux présidents des intercommunalités, aux maires, aux responsables des chambres consulaires et aux parlementaires. « On n’est pas en train de faire le plan de l’État mais le plan pour Mayotte », a rappelé Dominique Sorain, sous-entendant le travail multipartenarial à poursuivre, notamment avec les collectivités territoriales. « Il faut que tout le monde se bouge », a-t-il déclaré plus frontalement. 

En attendant, le travail continue, notamment avec l’arrivée cette semaine d’une mission d’étude sur la desserte aérienne.

Des reconduites à la frontière « compliquées »

Interrogé durant la conférence de presse relative au site Transparence Outre-mer sur le sujet annexe des reconduites aux frontières et alors qu’Anjouan traverse une grave crise politique, le préfet Dominique Sorain a déclaré que le port de l’île voisine étant fermé, les reconduites étaient actuellement « compliquées ». Cependant, « dès que le port rouvrira », les éloignements reprendront « dans un cadre non officiel mais efficace ». En attendant, le préfet a précisé que les étrangers en situation irrégulière étaient toujours interpellés : « Nous vérifions particulièrement leur situation », a rassuré Dominique Sorain, répondant à l’inquiétude d’une journaliste sur une éventuelle arrivée de rebelles, notamment armés, d’Anjouan. Concernant de possibles demandes d’asile, le préfet a indiqué que, tous les ans, environ 200 Comoriens formulent de telles demandes et que 98% d’entre elles sont rejetées. Également questionné sur le dispositif conjoint police-gendarmerie sécurisant la zone autour du « bureau des étrangers » ainsi que du dispensaire Jacaranda (Mamoudzou), le délégué du gouvernement a affirmé que ces services « n’avaient pas vocation à fonctionner » avec ces renforts et a espéré que la situation s’apaise pour un retour rapide à la normale. Il a annoncé que le nouveau mode de fonctionnement du service des migrations et de l’intégration, sur rendez-vous, allait être pérennisé afin « d’éviter la foule » et que l’équipe du « bureau des étrangers » serait renforcée sans préciser le nombre d’agents supplémentaires. « Je ne laisserai plus de services fermer », a-t-il enfin déclaré. 

 

* Huit onglets thématiques permettent d’accéder aux mesures : Sécurité, justice et immigration ; Santé ; Social ; Éducation et formation ; Logement ; Infrastructures ; Entreprises et économie ; Institutions et services de l’État.

 

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