Les salariés de la société de communication Luvi ont révélé mardi, par voie de communiqué, la liquidation judiciaire de leur entreprise et de deux autres agences de communication, H2M et Archipel, également dirigées par Thierry Galarme, ex-patron du MEDEF de Mayotte et ancien président de la Médecine du Travail (Médétram). Ayant appris leur licenciement lundi, ces derniers s’inquiètent de leur avenir professionnel.
Une nouvelle aussi soudaine que brutale. « Depuis le 3 août, les trois agences de communication (Luvi, H2M et Archipel) sont en liquidation judiciaire… Sacré mauvaise nouvelle que les douze salariés ont appris hier aprèsmidi de leur ancien patron (accessoirement ancien patron du MEDEF) », écrivent dans un communiqué les salariés de la société de communication. C’est en ces termes qu’ils résument leur situation, des plus incertaines, ce mardi. « Ainsi c’est une bien triste page qui se tourne dans le monde de la communication à Mayotte… Soyez certains que l’ensemble de l’équipe aurait préféré avoir le temps de se retourner et notamment d’anticiper les fins de projets avec ses clients ». Et d’ajouter que « tous sont en recherche active d’emploi puisque remerciés sans aucune indemnité, ni même leurs congés payés et préavis ! » Contacté par Flash Infos, l’un des salariés a confirmé avoir été informé de son licenciement lundi, indiquant qu’il devrait encore travailler jusqu’à la fin de la semaine afin de clore les derniers dossiers en cours, avant de quitter définitivement l’entreprise. La liquidation judiciaire a été confirmée dans la journée par Thierry Galarme lui-même, qui indiquait que « le tribunal de commerce a rendu sa décision vendredi ». La décision en question serait pourtant datée du 27 juillet, précise l’ancien patron. Une simple « erreur matérielle » du greffe, commise « en période de vacances », et qui s’ajoute selon lui à une autre coquille portant sur le nom d’un des avocats, partie à la procédure collective. L’ensemble du personnel n’ayant pas pu être réuni au complet vendredi, le patron aurait attendu lundi pour annoncer la nouvelle.
« À partir de mai-juin, j’ai compris que les choses allaient aller de mal en pis », confie l’ancien DG à propos des trois agences qu’il dirigeait. « J’ai assuré les salaires jusqu’en juin et j’ai fait une déclaration de cessation de paiements le 21 (juin) ». Depuis lors, deux réunions ont été organisées, indique-t-il, pour informer les salariés des différents scénarios à envisager : sauvegarde, redressement, ou liquidation. Concernant les paiements, le mois de juillet sera pris en charge par l’AGS (le Régime de garantie des salaires), assure l’ex-patron, qui ajoute que les diverses indemnités des salariés pourront être payées au moment de la réalisation de l’actif (la cession des actifs de la société ndlr) et les divers paiements en attente.
Perte de gros clients, grèves et état de santé dégradé
Comment l’agence de publicité et de communication basée à La Réunion et ouverte à Mayotte en 2001 en est-elle arrivée là ? Son directeur général à Mayotte, qui l’a rejointe comme salarié en 2002 et en a pris la direction six ans plus tard, nous a expliqué que la société avait dû faire face à une série de difficultés de plusieurs ordres. La perte de plusieurs clients importants d’abord, comme SFR à la suite du rachat par Patrick Drahi de l’ex-filiale en télécoms de Vivendi, en 2014. « Il a procédé à de nombreux licenciements et à des mesures d’économie (avec l’internalisation de certains services) », explique Thierry Galarme, qui estime que le départ de l’opérateur de son portefeuille-client a coûté à Luvi pas moins de 900 000 euros de chiffre d’affaires. Autre perte, celle du groupe Cananga, après la fermeture de l’une de ses enseignes à Mayotte (Méga), ou encore le concessionnaire automobile SMCI. Autres difficultés, « les grèves de 2011et de 2018 » qui « nous ont fait beaucoup de mal » avec des campagnes de communication annulées et des salariés empêchés de se rendre au travail. Il évoque également un secteur – la communication – « sinistré au plan mondial depuis la crise de 2008 » et une « publicité classique » de plus en plus « concurrencée par le digital ». Puis, ajoute Thierry Galarme, « mon état de santé s’est dégradé, les magistrats le savent », sans entrer dans les détails. « Moi ça fait seize ans que je suis à Mayotte, ça fait seize ans que je m’occupe de Luvi », la principale de ses trois agences, qui employait huit personnes. Décrivant une situation « terrible à vivre », il dit avoir bon espoir que ses anciens salariés retrouvent du travail rapidement : « Ce sont tous des salariés qualifiés de grande valeur, que je peux recommander aux entreprises » assuret- il. Mis en cause par les administrateurs de la Médecine du Travail à Mayotte (Médétram) dont il était jusqu’à récemment président pour des « anomalies » financières qui s’élèveraient selon ces derniers à plusieurs centaines de milliers d’euros, Thierry Galarme nie toute anomalie et affirme que « les deux affaires sont distinctes ». Il assure également ne pas avoir été jusqu’ici convoqué par la justice à ce propos.
Douze salariés « disponibles à l’embauche! »
« Loin d’eux l’envie de se laisser abattre, (les salariés ndlr) souhaitent aujourd’hui faire part aux entreprises de Mayotte et de La Réunion de leur motivation à rebondir au plus vite. Ce sont donc douze personnes compétentes, motivées et professionnelles qui sont disponibles sur le marché du travail. Du directeur de clientèle, chargé de communication ou chargé de projets en passant par les directeurs artistiques, les graphistes webdesigner, le développeur, la photographe réalisatrice, l’assistante de direction ou encore la rédactrice en chef, les chargés d’événementiels et merchandiseurs ; tous sont en recherche active d’emploi puisque remerciés sans aucune indemnité, ni même leurs congés payés et préavis ! »
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