Le mouvement social de mercredi a pris une tournure anti-étrangers lorsque la foule de manifestants s’en est violemment prise au cordon des forces de l’ordre protégeant le service des migrations et de l’intégration de la préfecture. Récit.
Ils étaient moins nombreux mais plus énervés. Pour le deuxième jour des mouvements sociaux ayant débuté mardi, les manifestants (environ 450 personnes selon la police) se sont rendus devant le service des migrations et de l’intégration de la préfecture et y ont stationné plus d’une heure ce mercredi matin. Dans les rangs, de simples citoyens, de nombreux membres du collectif des associations de Mayotte (Codim, Assoiffés du Sud, Femmes Leaders, etc.) et des syndicats (CFDT, FO, SUD, etc.) Les étrangers avaient été confinés au préalable au sein de l’administration, protégée par un cordon de policiers et de gendarmes, d’une quarantaine d’agents. Une partie des manifestants ont, durant plus d’une heure et de manière sporadique, chargé les forces de l’ordre qui les ont repoussés, provoquant de violentes bousculades et des mouvements de foule. Difficile de savoir dans cette assemblée hétéroclite qui cautionnait ces accès de violence et qui les condamnait. Une partie des délégués syndicaux sur place, ainsi que de simples citoyens, ont eux-mêmes déployé spontanément un autre cordon de sécurité durant un temps pour protéger les forces de l’ordre des assauts, mais n’ont pas donné l’ordre tout de suite de quitter les lieux ni de poursuivre le parcours.
Préfet, nalawé
« Nous ne voulons pas que quelqu’un soit blessé », affirme Safina, du collectif des citoyens de Mayotte. « Mais il faut que le préfet s’explique ou qu’il démissionne (…) Son but, c’est de régulariser massivement la communauté comorienne (…) Ce qui est transmis au national est erroné, la population n’a plus confiance », explique-t-elle. « Nous avons besoin d’exprimer notre colère : nos enfants ne vont plus à l’école ! », s’indigne encore Safina. Ainsi une partie des manifestants criait-elle ce mercredi sa volonté de voir le préfet de Mayotte, Frédéric Veau, démissionner, « Nalawé »…
Au bout d’une heure un peu tendue, les manifestants ont poursuivi leur chemin, passant notamment devant le dispensaire Jacaranda, vidé telle la veille de ses patients – en effet, les autorités, par précaution, ont confiné les étrangers au sein du service des migrations et de l’intégration, les patients à l’intérieur du dispensaire, et les agents du vice-rectorat et des services fiscaux dans leurs bureaux. Devant Jacaranda, un membre des Assoiffés du Sud a chassé une mère et son enfant qui attendaient devant l’hôpital et a invectivé une autre mère de famille.
Le mouvement de grève devrait se poursuivre jeudi.
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