{xtypo_dropcap}D{/xtypo_dropcap}ans un décor idyllique où la Nature sauvage côtoie les plantations de fruits et de plantes à parfums, nous suivons Stéphane à un rythme tranquille. Equipés de gants pour atténuer les vibrations et d'un casque pour se protéger en cas de chute, il nous suffit de changer de "plateau" et de "pignon" pour mouliner dans les montées et prendre de la vitesse dans les descentes. Un jeu d'enfant…
"En arrivant à Mayotte, j'ai lu dans beaucoup de magazines que le VTT ici est très difficile. Je n'ai pas arrêté d'en faire depuis deux ans et je me suis rendu compte qu'en fait il y a des itinéraires très faciles", constate Stéphane. "Il y a un vrai potentiel pour les parcours, mais il n'y a pas de structure, il n'y a rien du tout pour le VTT à Mayotte". C'est pourquoi notre infatigable vététiste a décidé de monter son propre projet pour promouvoir ce sport-loisir.
Intarissable sur le sujet, Stéphane est un véritable passionné. Il a commencé à faire du VTT à l'âge de 15 ans, dès son arrivée en France au milieu des années 80. Le "mountain bike", l'ancêtre du VTT, était apparu aux Etats-Unis dans les années 60. Originaire de La Roche-sur-Foron, en Haute-Savoie, Stéphane a toujours adoré la pratique de sports physiques de pleine nature dans le cadre familial, que ce soit le ski, la randonnée, l'escalade ou le parapente… Le VTT a été pour lui "une nouvelle façon de se déplacer rapidement de manière ludique".
Avec des amis, il a monté un club pour développer la pratique du VTT dans sa région. Stéphane était responsable de l'école de VTT et entraînait les jeunes pour la compétition. Il a également participé à l'organisation de compétitions de cross-country ou de courses de relais et au balisage d'itinéraires permanents répertoriés sur des plaquettes d'information. "Nous voulions toucher un maximum de public : tout le monde peut faire du VTT, cela dépend de la difficulté du circuit".
{xtypo_quote}Il y a un gros potentiel ici pour le VTT{/xtypo_quote}
Stéphane s'est ensuite orienté vers le raid VTT en montagne : "Je partais plusieurs jours avec mon sac à dos et je franchissais en moyenne deux cols par jour. Cela me permettait de travailler ma technique, tout en étant dans un environnement naturel unique". Des sensations qu'il retrouve aujourd'hui à Mayotte. Avant de lancer son projet, Stéphane a effectué des recherches pour savoir quel type de matériel était le mieux adapté à la brousse mahoraise.
Il a cherché le soutien du conseil général et de l'Etat pour tracer des itinéraires permanents, mais sans succès. Finalement, par l'entremise de l'entreprise Tecma, il a réussi à importer par bateau huit VTT de marque BH, qui sont arrivés le 24 décembre dernier. "Avec les taxes douanières et les frais de port, les vélos sont 40% plus chers ici", constate-t-il amèrement, "et pour les pièces de rechange et les accessoires, c'est presque deux fois plus cher…".
Tandis que nous nous élançons dans les sentiers champêtres et verdoyants en saluant au passage des agriculteurs chargés d'écorces de cannelle ou de brèdes fraîchement coupées, Stéphane retrouve sa bonne humeur et nous confie que c'est grâce à Batoto, un Mahorais de nombreuses fois vainqueur du Mahoraid, qu'il a pu trouver tous les chemins qui serpentent à travers l'île.
Alors que nous commençons à nous essouffler, Stéphane nous apprend qu'il a terminé 4ème au dernier championnat de VTT à Mayotte, sur une cinquantaine de participants. Organisée en novembre 2008 par le comité régional de la Fédération française de cyclisme, c'est la seule compétition de ce genre ici. "Une équipe de la Réunion est venue et on les a largement battus : cela prouve qu'il y a un gros potentiel ici pour le VTT".
{xtypo_quote}Au loin, nous entendons les chants des oiseaux…{/xtypo_quote}
Après plusieurs kilomètres d'efforts, nous atteignons enfin un petit faré au somment d'une colline, où nous dégustons jus de fruits frais, bananes séchées et noix de coco. Avec une vue imprenable sur la baie de Sohoa, nous prenons le temps de nous reposer et de retirer la boue qui s'est accumulée autour des roulements. Au loin, nous entendons les chants des oiseaux et les cris des makis et partageons cette expérience qui nous rapproche de la Nature, sans aucune nuisance pour l'environnement…
Stéphane organise des sorties jusqu'à cinq personnes, pour une demi-journée ou une journée, avec un voulé en brousse ou sur la plage. Il suffit de le suivre dans les circuits qu'il a tracés, pour tous les niveaux, que ce soit au Centre comme aujourd'hui, mais aussi au Nord, au Sud et en Petite Terre. Stéphane s'occupe du transport et des éventuelles réparations sur les vélos. Son aide sur le terrain s'avère d'autant plus précieuse que "les cartes IGN ne sont pas assez précises". Pour les plus autonomes, il peut aussi proposer de simples locations, avec livraison des vélos à domicile, sur toute l'île.
Les fesses un peu endolories et le dos légèrement meurtri, nous redescendons ensemble au niveau du parcours de golf de Combani, après une boucle par les environs de Tsingoni et Kahani. En évitant les zébus qui broutent tranquillement le long des chemins, nous arrivons finalement à notre point de départ, la tête encore pleine des paysages grandioses que nous avons traversés. Une expérience qu'il ne tient qu'à chacun de découvrir…
Julien Perrot
Mayotte Hebdo vise à contribuer au développement harmonieux de Mayotte en informant la population et en créant du lien social. Mayotte Hebdo valorise les acteurs locaux et les initiatives positives dans les domaines culturel, sportif, social et économique et donne la parole à toutes les sensibilités, permettant à chacun de s'exprimer et d'enrichir la compréhension collective. Cette philosophie constitue la raison d'être de Mayotte Hebdo.