{xtypo_dropcap}“F{/xtypo_dropcap}aire aussi bien, voire mieux là où nous avons été bons et s’améliorer là où nous avons été moins bons.” Le préfet de Mayotte, Denis Robin résume par ces quelques mots les objectifs à venir pour l’année 2009. Le représentant du Gouvernement dans notre île s’est montré satisfait du bilan 2008 des services concernés (police, gendarmerie, Paf, douanes, DTEFP, affaires maritimes sans oublier les magistrats du parquet et du siège) et n’a pas manqué de leur rendre hommage pour le travail effectué.
“Je tiens à valoriser le travail effectué par tous ces agents. La collaboration est excellente entre les services. Je rends hommage aux 12 fonctionnaires qui ont été blessés dans l’exercice de leurs fonctions et je rappelle que l’Etat a investi pour que 60 personnes de plus rejoignent ces services.” Dans son discours, le préfet a tenu à mettre en lumière tous les aspects de la sécurité à Mayotte. Bien évidemment, il n’a pu occulter ceux dont on parle tout le temps, c’est-à-dire la lutte contre l’immigration clandestine et la délinquance générale. En ce qui concerne l’immigration illégale, Yvon Carratero, commandant de la Paf (Police de l’air et des frontières) a affirmé que le grand public avait une vision réductrice de son action.
Le CRA et les kwassas “vitrines” de l’action de la Paf
“Il y a les vitrines que sont le centre de rétention administratif (CRA) et les interceptions de kwassas. Pour le CRA, on a bien progressé, les conditions sont acceptables en l’état actuel. Il y a aussi l’arrière-boutique, c’est-à-dire les unités judiciaires qui travaillent pour limiter l’immigration illégale en démantelant les ateliers de faux documents. Cela se fait notamment collaboration avec les autres services et le Gir (Groupement d’intervention régional).”
La lutte contre l’immigration clandestine ne peut pas se faire qu’en ajoutant des fonctionnaires et des radars. Denis Robin l’a répété et pour lui il faut s’attaquer aux causes de l’immigration. “Le travail illégal est l’un de ces facteurs qui facilitent l’immigration clandestine. Cela gangrène l’économie mahoraise et la DTEFP (Direction du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle) fait de gros efforts pour identifier et verbaliser les employeurs en infraction. Ces 4 derniers mois, il y a eu 500 contrôles et 105 procès-verbaux ont été dressés”, s’est-il félicité.
C’est dans cette perspective également que le Gir intervient, puisqu’il réunit des éléments de différents services pour démanteler des réseaux d’immigration illégale (les avocats se plaignent régulièrement que seuls les passeurs soient amenés à la barre du tribunal, contrairement aux commanditaires), de travail dissimulé, de faux documents et de stupéfiants.
Une saisie de 4,5 kg de cocaïne qui inquiète
Les douanes dans ce cadre ont une mission de protection en contrôlant l’entrée de produits pharmaceutiques (pandalao ou crème blanchissante), de tabac ou des contrefaçons. La saisie de 4,5 kg de cocaïne l’an dernier inquiète beaucoup les autorités et seule une collaboration efficace et continue de tous les services permettrait de limiter le développement de ce genre de trafics.
En ce qui concerne la délinquance générale, le nombre d’actes a diminué aussi bien en zone police (commune de Mamoudzou) qu’en zone gendarmerie (-6,74% par rapport à 2007). En revanche, le lieutenant-colonel Martinez pour la gendarmerie et le commissaire Laurent Klimt pour la police nationale ont constaté une hausse sensible des actes de violence envers les personnes.
“Les faits de violence intrafamiliaux sont en hausse. Cela est dû au fait que deux travailleuses sociales financées par la politique de la ville sont dans nos brigades de Sada et Pamandzi et que les signalements sont plus nombreux grâce à une action de prévention”, a expliqué le lieutenant-colonel Martinez.
Laurent Klimt pour sa part a constaté dans sa zone que pour des vols de téléphone portable, des mineurs n’hésitaient pas à s’en prendre physiquement à leurs victimes. “Nous avons aussi constaté une hausse des outrages envers nos agents.” En revanche, ils se sont félicités du taux d’élucidation des affaires qui leurs sont soumises. Le commandant de la gendarmerie atteint le taux à 58,33% pour la délinquance générale et 21,19% pour les cambriolages (soit plus de 4% qu’au niveau national) et le préfet a annoncé un taux général de 40%.
Faïd Souhaïli
Pas de lutte pour la sécurité sans sanction pénale
Si tous les services de l’Etat se mettent en quatre pour débusquer les délinquants (financiers ou autres), rien ne peut aboutir si au bout il n’y a pas de sanction. Ainsi, Marc Brisset-Foucault, procureur de la République près le Tribunal supérieur d’appel de Mayotte a rappelé que la maison d’arrêt de Majicavo était sous-dimensionnée par rapport aux besoins de notre île.
“Elle a été conçue pour 90 personnes, il y a 245 personnes, ce sont des conditions inacceptables. J’attire l’attention de l’administration centrale tous les jours pour que cette situation puisse évoluer rapidement.” Le magistrat a annoncé l’arrivée de collègues spécialisés dans les affaires économiques financières. “J’ai eu l’occasion de le dire lors de l’audience solennelle du TSA, la corruption, les abus de confiance, les détournements sont le cancer de la démocratie.”
Enfin, la hausse des vols avec violences n’est pas une spécificité mahoraise mais une tendance nationale. Pour sa part, Gilles Rognoni, procureur de la République près le Tribunal de première instance de Mayotte a rappelé que l’application des peines plancher en cas de récidive dans le cadre de la lutte contre l’immigration clandestine conduisait à une condamnation de 4 ans de prison ferme pour les passeurs. Par ailleurs, le nombre des comparutions immédiates (tous cas confondus) a augmenté de 30% en 2008 (328) par rapport à 2007.
La sécurité en quelques chiffres
Lutte contre la délinquance
- Vols : 2007 (3.161), 2008 (2.701), soit une baisse de 14,55%
- Escroqueries : 2007 (1.035), 2008 (845), soit une baisse de 18,36%
- Crimes et délits contre les personnes : 2007 (869), 2008 (943), soit une hausse de 8,52%
- Infractions sur les stupéfiants : 2007 (81), 2008 (62), soit une baisse de 23,46%
- Total des infractions : 2007 (22.814), 2008 (21.265)
Lutte contre l’immigration clandestine
- Nombres de reconduites à la frontière : 16.040 (16.174 en 2007, 16.246 en 2006 et 7.714 en 2005)
- Nombre de kwassas interceptés : 256 (179 en 2007, 100 en 2006 et 59 en 2005)
- 90% des kwassas interceptés l’ont été grâce à une détection radar.
- 33% des reconduites en 2008 ont été effectuées par voie maritime.
Contrôle des pêches (Affaires maritimes)
Il est fait pour garantir la durabilité de la ressource halieutique et la viabilité de la profession de marin-pêcheur. Il s’agit également de structurer un secteur en demandant aux professionnels de ne plus employer des travailleurs sans papiers et que la concurrence soit loyale entre les professionnels.
15 pirogues en 2008 ont été saisies et appartenaient à des étrangers en situation irrégulière.
Sécurité routière
- Accidents corporels : 270 (189 en 2007), soit une hausse de 42,86%
- Nombre de tués : 5 (5 en 2007)
- Nombre de blessés (graves et légers) : 315 (249 en 2007), soit une hausse de 26,51%
- Nombre de dépistage d’alcoolémie pratiqués : 6.165 (4.654 en 2007), soit une hausse de 32,47%
- Nombre de dépistage d’alcoolémie positifs : 384 (248 en 2007), soit une hausse de 54,84%
- Nombre de PV pour excès de vitesse : 29 (6 en 2007), soit une hausse de 383,33%
- Nombre de rétentions immédiates du permis de conduire : 158 (122 en 2007), soit une hausse de 29,51%
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